Biographie

Faits marquants du parcours de vie d’Alfred Kuen

alfred kuen
Alfred Kuen

« Tu es mon Dieu, je te louerai, | Je t’exalterai ô mon Dieu ! | Célébrez l’Éternel car il est bon, | Car son amour dure toujours. » Ps 118.28-29

« Tes mains m’ont façonné et affermi... Quand ceux qui te révèrent me verront, ils seront pleins de joie, car je me fie à ta parole. » Ps 119.73-74

alfred kuen, sourire
Un bébé heureux

Né à Strasbourg le 31 août 1921 et décédé à 96 ans, le vendredi 6 avril 2018, Alfred est le seul enfant d’Albert Kuen et Lina, née Kaetzel.
Il a une enfance heureuse et grandit dans un foyer qui s’aime.
Sa maman joue un rôle important dans sa vie, puisque depuis tout petit, elle prie et chante des cantiques avec lui. Elle lui donne un bel exemple de vie chrétienne consacrée, et lui transmet sa confiance en Dieu.
Élevé dans l’église luthérienne d’Alsace-Lorraine, il fait sa confirmation à 14 ans. Cette expérience est marquante, parce qu’il prend au sérieux cet engagement avec Dieu et cela forme la base de sa foi personnelle.

alfred kuen, confirmation
À sa confirmation

Comme il n’a ni frère ni sœur, ses parents ont la bonne idée de l’envoyer aux réunions de l’UCJG (Union Chrétienne de Jeunes Gens) pour qu’il se lie à d’autres jeunes de son âge. Là, un pasteur leur raconte des histoires de la Bible. Lors d’une colonie dans les Vosges, les méditations chrétiennes répondent à sa quête de vérité. La lecture de la Parole devient vivante grâce à une autre traduction que celle de Luther. Déjà naît en lui l’idée d’avoir en français une version moderne de la Bible. Impressionné par la tentative de suicide d’un campeur, il constitue pour la première fois un groupe de prière et expérimente les bienfaits de la prière en commun. Il mettra cela en application sa vie durant.

En 1937, il entre à l’École Normale des Instituteurs à Strasbourg. Le cours de ses études s’interrompt brusquement en 1938 : alors qu’il visite une carrière géologique, une chute de plusieurs mètres déclenche une pleurésie, compliquée par un début de tuberculose. à la même période sa mère décède brutalement. Mis à l’écart pendant deux semestres dans un préventorium, voyant aussi le comportement d’adultes désœuvrés, il a de quoi méditer sur le sort des humains...
Après coup, il mesurera combien Dieu était aux commandes de ces événements puisque, à cause de – ou grâce à – ce retard, il a évité de demander un poste en Afrique du nord, où plus tard plusieurs de ses camarades ont été enrôlés et sont morts.

alfred kuen, 1942
Alfred Kuen en 1942

Le prochain bouleversement se produit en 1939 lors du déclenchement de la guerre. Le 1er septembre, il peut quitter Strasbourg par le dernier train « libre » et rester chez des proches à Guebwiller jusqu’au moment où, en novembre, il est convoqué pour rejoindre Périgueux, où toute l’École Normale est transplantée.
C’est le début d’une grande aventure qui – conjuguée à une bonne dose d’idéal et d’insouciance juvénile – est plutôt exaltante. En effet, il se retrouve avec deux autres luthériens, un mennonite et un baptiste pour prier et lire la Bible. Leur recherche de lieux tranquilles, à l’abri des autres, les mènent dans divers lieux hétéroclites (salle de douches, atelier de menuiserie, serre de jardin...). Leur but est d’appliquer la Parole de Dieu, de mettre en œuvre les principes de l’église primitive. Ainsi ensemble ils découvrent au fur et à mesure divers thèmes essentiels de la vie chrétienne. Ils mettent ce qu’ils ont en commun, et vivent toutes sortes d’expériences. Ils témoignent aussi à leurs camarades et des expressions codées signifient que « Le Groupe » grandit.

alfred kuen, le groupe
Le Groupe autour de la Parole

Leur soif de la Parole, leur authenticité, leur curiosité, leur ouverture, les font piocher dans tous les livres à portée de main, faire des kilomètres à vélo pour rencontrer un chrétien, établir « un Grand Programme »... Rien ne les arrête : même pendant les congés ils se retrouvent dans des lieux inoccupés pour des camps, où ils se penchent sur de nouveaux sujets bibliques. Leur proximité les uns des autres, leur amour de la nature et leur penchant pour les farces compense les rigueurs de la guerre.
Alfred cherche toutes les occasions pour se procurer des livres et étudier.
Plusieurs années se succèdent avec toutes sortes de péripéties.

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Alfred Kuen étudie (1942)

En avril 1943, la menace devient concrète, puisque les soldats allemands entourent l’École Normale, mitraillette au poing. Alfred fait partie des jeunes gens d’Alsace–Lorraine recherchés. Fuir le territoire national devient urgent. C’est alors qu’il décide avec un ami de s’évader en Suisse par des moyens risqués. Tentative audacieuse... mais réussie par la grâce de Dieu et l’aide d’amis chrétiens de part et d’autre de la frontière.

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Alfred Kuen à Emmaüs

Il faut ensuite passer par divers camps d’accueil et de travail, avant d’atteindre le prochain objectif : faire l’Institut Biblique Emmaüs de Vennes sur Lausanne à l’automne 1943. Suite à une erreur administrative, ces études sont reportées. Peu importe ! Il se débrouille pour avoir accès à des livres théologiques qu’il peut étudier par lui-même, en dehors des astreintes du camp de travail. Quand il finit par arriver à l’institut biblique en février 44, il ne peut y rester que quatre mois et demi, mais ce passage est déterminant pour lui apprendre des méthodes d’études biblique, avoir une vision globale du message de la Bible, rencontrer des chrétiens de divers milieux...

Après un nouveau camp de travail, cette fois-ci c’est l’armée française qui le réquisitionne et un appel sous les drapeaux l’oblige à retourner en France. Il est envoyé au front pour la libération de l’Alsace. C’est à Mulhouse qu’il va vivre une fois de plus combien Dieu le garde, alors qu’un commandant un peu timbré lui demande « d’aller voir ce qui se passe dans les autres gourbis ». L’armée allemande est en face, les obus tombent à sa droite et à sa gauche... et il s’en sort indemne ! Il traverse d’autres situations périlleuses où il est protégé par Dieu, grâce à des moyens humains parfois cocasses.
« Vous qui le révérez, faites confiance à l’Éternel ; il est pour vous un secours et un bouclier. » Ps 115.11

En 1945, c’est la fin de la guerre et « Le Groupe » se retrouve à Strasbourg. Il se constitue en église et devient « La Bonne Nouvelle ». Des crises internes n’épargnent pas ce démarrage, ni par la suite l’évolution de cette œuvre. Alfred y joue un rôle important.
Pour son travail, il est affecté à un collège pour y enseigner la littérature, puis à un lycée comme professeur de musique.

alfred kuen, famille
Sa famille

Pendant ce temps, une jeune fille (qui a aussi vécu à Périgueux une découverte de la foi chrétienne, dans un groupe parallèle à celui des jeunes gens) a rejoint l’église. Alfred se souvient du concert où il a vu pour la première fois celle dont son cousin lui a vanté les mérites. Mimosa a tout de suite conquis son cœur. Le mariage en avril 1947 ne s’est pas fait sans oppositions, mais elles ont eu le mérite d’établir leur union sur des bases solides.
Le couple emménage à Wasselonne, ville natale de Mimosa, où ils ont tous deux un poste d’enseignement au collège. Ils ont la joie d’accueillir leur premier enfant, Daniel, en novembre 1949. Bien plus tard, leur fille Nelly pointera le bout de son nez – avec deux mois d’avance – en juillet 1955.

Le travail d’Alfred entretemps change de cadre, puisqu’il accepte un poste de maître formateur à l’École Normale de Strasbourg. Là il développe avec ses élèves de nouveaux talents en plus de la pédagogie, comme par exemple la menuiserie.

alfred kuen, musique
En avant la musique

L’engagement d’Alfred à l’église, ainsi que ses premiers travaux littéraires, prennent tout son temps libre. Il devient ancien en 1950 (ce qu’il sera jusqu’en 1976) et participe à la direction collégiale de l’église. Il se consacre particulièrement aux études bibliques et aux prédications. Le texte en est d’abord polycopié, puis servira de base aux livres publiés par la suite. Son premier livre « Que tous soient un », ou encore « Je bâtirai mon Église », en sont des exemples. Stimulé par les questions concrètes de la vie d’église, confirmé par ses expériences sur le terrain, il développe sa compétence sur différents thèmes de fond. Ses dons en musique apportent une harmonique complémentaire à son ministère.

Il fait aussi un choix de carrière à durée indéterminée: alors qu’on lui propose une promotion dans le cadre de l’Éducation Nationale, il privilégie son service pour Dieu et préfère rester simplement maître formateur, proche de son domicile. Infatigable pour rentabiliser son temps, il donne le meilleur de lui-même pour écrire, travailler de nouveaux sujets, s’investir dans sa vocation principale : enseigner tout ce qui tourne autour de la Parole de Dieu.
Il aura l’art de travailler les sujets brûlants sur lesquels les ouvrages chrétiens évangéliques manquent. Il ne craint pas de se lancer même dans des questions difficiles, voire polémiques, où il présente les différents avis possibles.
Peu à peu ses ouvrages le font connaître, et il est appelé pour parler dans des églises, des pastorales, des conférences, autant en France qu’à l’étranger. Il intervient aussi comme conciliateur dans des situations délicates. Certes sa nature irénique l’y prédispose (il porte bien ses prénoms Alfred Frédéric – où par deux fois la racine allemande contient le terme « Friede » = paix). Mais il a en même temps choisi des principes qu’il met en œuvre pour une vie de qualité. « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta parole. » Ps 119.165
Quand on lui suggère de se ménager et de ne pas « brûler la chandelle par les deux bouts », avec son humour et son petit sourire, il répond par cette phrase célèbre : « Ce n’est pas grave, puisque l’un des bouts est éternel ! »

alfred kuen, bibliothèque
À la bibliothèque d’Emmaüs

À 55 ans, âge de sa retraite professionnelle, l’Institut Biblique Emmaüs lui propose de venir en Suisse comme professeur. Il y enseigne 10 ans avec bonheur. À cette époque il devient membre, puis président, de l’Association d’Accréditation Européenne des Écoles Bibliques. Il a la joie de collaborer avec d’autres responsables pour faire progresser la qualité de la formation biblique. Cela lui donne l’occasion d’élargir son champ d’action, de voyager dans divers pays pour visiter les écoles bibliques, d’assister aux conférences de l’Alliance Évangélique Mondiale. Il fera aussi des tournées d’enseignement, des voyages où il apporte la partie spirituelle.
Il prend une deuxième retraite comme directeur des éditions Emmaüs, puis passera à une troisième retraite comme écrivain...

alfred kuen, idée
Tiens, une idée !
alfred kuen, jérusalem
À Jérusalem

Dans cette période, deux événements viennent le toucher de près : le 11 avril 1977, un coup de téléphone lui annonce le décès de son fils Daniel dans un accident d’auto. Départ brutal où il a la force d’appliquer la parole de Job : « L’Éternel a donné, l’Éternel a repris ; que le nom de l’Éternel soit béni ».
Le 12 octobre 1990, c’est son épouse qui le quitte aussi brusquement, suite à un infarctus. Mimosa a été une femme intelligente et sensible, discrète et dévouée pour tous ; elle a été pour Alfred un vis-à-vis précieux durant leurs 43 années de vie commune. Il se plaît à dire : ‘Behind a great man is a great woman‘ (Derrière un grand homme, il y a une grande dame.)
Ce départ a été une perte importante, mais Alfred la dépasse grâce à sa relation forte avec le Seigneur et grâce à la force de sa volonté, développée toute sa vie.

Puisqu’il peut consacrer tout son temps à faire ce qu’il aime, il se considère maintenant en « vacances perpétuelles ». Certains disent qu’il écrit comme il respire ! En fait, il puise dans le Seigneur sa « force tranquille » pour « grignoter des montagnes », faire face aux durs labeurs ou aux contrariétés. Il applique sa devise préférée : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Il est aussi reconnaissant pour le contexte favorable dans lequel il peut travailler, et pour l’aide des personnes qui l’entourent et contribuent au long processus jusqu’à la publication.

alfred kuen, dédicace
Séance dédicace et certains de ses ouvrages

Il ne souhaite pas qu’on fasse grand cas de lui et du nombre de ses ouvrages. Son désir est d’accomplir jusqu’au bout sa mission. Puissions-nous tirer parti de l’exemple d’un homme qui a orienté toute sa vie pour servir Dieu avec le don qu’il lui a confié (1 Pierre 4.10).

« Non pas à nous, ô Éternel, non pas à nous la gloire,
mais à toi seul, pour ton amour et ta fidélité. » Ps 115.1

Nelly Sinclair-Kuen

PS : Vous trouverez le détail des différents épisodes de la vie d’Alfred Kuen, et des principes qui l’ont dirigé, dans son livre Mon parcours de vie.